Entretien avec Aurélien Veillet, président et fondateur de Purchasing Partner

C’est avec un immense honneur que nous recevons aujourd’hui Aurélien Veillet, président et fondateur de Purchasing Partner, cabinet de conseil expert de la digitalisation de la fonction achat 

Salut Aurélien, est-ce que tu veux bien te présenter ?

Bonjour, Aurélien Veillet, je suis le président et fondateur de Purchasing Partner, un cabinet de conseil qui est dédié à la digitalisation de la fonction achat.

Comment en es-tu arrivé là ?

L’aventure Purchasing Partner a débuté fin 2014, sous l’impulsion de plusieurs clients du secteur public, Après avoir pérégriné durant 10 ans dans différentes grandes structures en tant que consultant, acheteur et responsable achats, j’ai eu l’opportunité de me lancer à mon compte, sur ce métier de l’assistance à maitrise d’ouvrage (AMOA) digitale. 

J’avais déjà contribué à plusieurs projets majeurs d’externalisation des SI dans les années 2000, au déploiement d’outils eAchats pour de grandes entreprises françaises au niveau international. J’ai eu un déclic lorsque j’occupais le poste de responsable achats dans une entreprise du CAC40, où j’ai été nommé référent pour le déploiement du SI achats : pour contribuer à la transformation de la fonction il est essentiel de disposer d’une vision opérationnelle métier et une maîtrise de la gestion de projet en matière de digitalisation.

Comment est-ce que tu situes Purchasing Partner dans le paysage des entreprises de conseil ?

Purchasing Partner est un cabinet dont le cœur de métier est la transformation digitale de la fonction achat : on fait partie de ces cabinets à taille humaine et surtout rares pure players du domaine. Notre credo, c’est réellement d’accompagner les clients dans leur réflexion pour transformer leurs organisations, leurs process, en vue de mettre en place les outils les plus adaptés au cas par cas. Nous sommes tous d’anciens acheteurs, qui parlons la langue du métier et conscients des problématiques opérationnelles rencontrées ; ça facilite d’autant plus les échanges avec nos clients !

Pour quelles raisons vient vous voir un client habituellement ?

On se rend compte aujourd’hui qu’il y a beaucoup d’offres autour du digital parce que c’est « à la mode », mais qu’en réalité, les consultants qui connaissent à la fois le métier achat, tout en étant en mesure de retranscrire ces besoins en parlant la même langue auprès d’un monde plus technique, celui des éditeurs ou des intégrateurs, et bien, ce n’est pas si évident à trouver. Et donc, les raisons qui poussent les clients à se tourner vers nous, c’est d’abord la reconnaissance d’autres projets réussis, les recommandations, et évidemment notre double expertise métier et outil, qui nous permettent de proposer des scenarii sur mesure adaptés à chaque contexte et objectifs.

Et cette expertise, comment est-ce que vous la concrétisez ? Est-ce que vous avez une méthode chez Purchasing Partner que vous mettez en avant ?

On a une vraie volonté de disposer d’une connaissance la plus étendue possible de l’ensemble des solutions du marché, qu’ils s’agissent de progiciel ou de best-of-breed. 

Pour cela nous avons mis en place il y a bien longtemps déjà une démarche interne structurée de capitalisation. Nous échangeons avec un maximum d’éditeurs de la place, y compris les nouveaux entrants & start-up. Notre capitalisation se base sur ces échanges complétés par des démonstrations avancées (pas seulement des pitchs commerciaux) et parfois par des formations sur la base de use cases clients. Cette démarche continue, dans un univers en mouvement perpétuel, nous permet d’apprécier nous-mêmes (avec notre ressenti et retours d’expérience) la couverture des solutions dans une matrice

.Et sur cette base de connaissance des éditeurs, vous allez recommander certains éditeurs plutôt que d’autres ?

L’objectif, c’est de construire une vision 360 la plus large possible pour être en mesure de conseiller nos clients au plus près de leur contexte et de leurs besoins. En conséquence, nous allons vraiment adapter les préconisations de notre roadmap à chaque cas de figure, avec une vision à 3 ou 5 ans, en recommandant un panel de solutions qui semblent le plus adapté selon le périmètre fonctionnel et aussi la capacité du client à prendre le virage digital.

Quels sont aujourd’hui pour toi les grands enjeux, les grands challenges du monde de l’achat ?

Selon nous, il est essentiel de bien caractériser son niveau de maturité du processus achats afin de mieux spécifier ses objectifs et attentes. En effet, les challenges sont multiples et cela va vraiment dépendre des organisations. 

On identifie par exemple des attentes liées à la professionnalisation de la fonction en elle-même. C’est-à-dire est-ce que la direction achats cherche à revoir ses processus et méthodes, à se faire reconnaître ou mieux connaitre en interne, et les outils achats sont un excellent vecteur !

Si l’organisation est plus robuste, déjà bien implantée, les enjeux tourneront davantage sur l’exploitation des données à disposition, qui émanent à la fois des différents systèmes d’information en interne de l’entreprise mais aussi des sources de données externes ; et donc sur la meilleur manière de capitaliser sur la connaissance des acheteurs, mais aussi des fournisseurs. 

Il y a aussi évidemment une réflexion d’ampleur, tout secteur confondu, sur la prise en compte des achats responsables au sens large, ainsi qu’un aspect de conformité avec la CSRD qui impactera les grandes entreprises en 2025

Pour toi, l’intelligence artificielle, est-ce qu’elle va impacter un jour le monde du digital achat ?

Cette question est tout à fait pertinente parce qu’au-delà d’avoir le panorama de l’existant, ce qu’on dit à nos clients et ce qu’on s’applique à nous-mêmes, c’est toujours de laisser une porte ouverte sur l’innovation technologique, et d’essayer de se projeter sur les années à venir avec l’émergence de l’IA. Il y a beaucoup d’aspects associés à l’intelligence artificielle, que l’on fabule un peu d’ailleurs, mais il y a déjà des choses très concrètes : donc on cherche à le valoriser chez nos clients, mais aussi via des groupes de travail en interne de Purchasing Partner sur l’achat augmenté, en imaginant quel sera le quotidien de l’acheteur dans 5 ans, dans 10 ans.

 Nous avons déjà vu largement évoluer les pratiques ces 20 dernières années avec l’arrivée du digital (on ne fait pas le sourcing de la même façon qu’il y a 10 ans par exemple), alors en effet il est essentiel de se préparer à l’arrivée de l’IA et à cette révolution dans le métier d’acheteur.  En revanche, cassons l’idée reçue que l’IA va remplacer l’acheteur ! Elle va bouleverser ses méthodes de travail, mais nous aurons toujours besoin de l’intelligence de l’acheteur.

Est-ce que tu peux expliquer à un néophyte comme moi les différents segments d’un parcours achat ? J’ai entendu parler de S2C, P2P, ces choses-là, je ne sais pas ce que ça veut dire tout cela.

En effet, c’est le vocabulaire usuel qu’on emploie depuis plus de 20 ans maintenant. Pour faire simple, il faut distinguer deux segments : 

  • En amont de la contractualisation avec le fournisseur, c’est le S2C pour Source To Contract. C’est ce qui va correspondre à toute la chaîne de réalisation de l’acte d’achat métier depuis l’identification du besoin jusqu’à la contractualisation d’un contrat avec un fournisseur en intégrant la rédaction du cahier des charges, le sourcing fournisseur, la stratégue achats, la dématérialisation des consultations, mais aussi tout ce qui est SRM (Supplier Relationship Management), donc tout ce qui va concerner la capitalisation de la relation avec les fournisseurs et le pilotage du risque. 
  • Que nous distinguons de l’aval qu’on appelle le P2P, pour Procure To Pay, c’est-à-dire qu’une fois que les contrats sont passés, comment on vient sécuriser la chaîne d’engagement de dépense sur ces contrats, s’assurer qu’ils sont bien utilisés, que les commandes sont bien passées. Cela englobe la demande d’achats, la commande, la réception et le paiement des factures, la déclaration du service faite ou des litiges, le rapprochement et écritures comptables… .On est vraiment sur la gestion des engagements de dépense.

À ton avis, sur lequel de ces segments intervient un outil d’adoption digitale comme celui de Lemon Learning ?

La solution Lemon Learning va pouvoir se pluguer sur l’ensemble du périmètre S2P, à la fois en amont pour guider les acheteurs dans l’utilisation de leur outil eAchats, et en aval pour accompagner les utilisateurs dans la création de leur DA ou panier par exemple. Selon nous, le champ des possibles est vaste dès lors qu’on a clairement identifié les cas d’usages sur les étapes du processus achats et approvisionnement. Nous sommes convaincus de l’apport pour les utilisateurs d’une solution de GPS applicatif, qui guide l’utilisateur en direct dans l’outil.

Et les interlocuteurs sur les différents segments sont les mêmes ? 

Eh bien non, évidemment, tu t’en doutes. En fonction du périmètre, les interlocuteurs au départ ne seront pas forcément les mêmes. Lorsque nous sommes sur la partie vraiment métier, donc amont, nos interlocuteurs seront principalement les directeurs achats, le métier en tant que tel ; tandis que lorsqu’on va s’attaquer à la partie P2P, gestion et maîtrise des dépenses, nous serons plutôt en contact avec les directions financières. La composante commune c’est qu’un projet SI, forcément il y aura la DSI impliquée.

Est-ce que Purchasing Partner recherche des consultants et quels profils privilégiez-vous lors des recrutements ? 

Chez Purchasing Partner, le recrutement est constant car le talent humain est au cœur de notre stratégie. Les postes à pourvoir varient, couvrant un éventail allant du consultant junior à l’expert confirmé. La compétence fondamentale est une maîtrise approfondie du secteur des achats. Nous privilégions les candidats ayant une expérience au sein des directions achats, que ce soit en tant qu’acheteurs, assistants, managers ou même directeurs, et qui ont envie de contribuer à la transformation de la fonction en ayant une appétence pour le digital et l’innovation. 

À mesure que l’expertise demandée augmente, la maîtrise du digital devient cruciale. Nos consultants ont déjà piloté et mis en place plusieurs solutions, que ce soit dans des contextes centralisés ou décentralisés. Et en complément, nous avons mis en place un plan de gestion des compétences au sein du cabinet pour s’assurer de la pleine maîtrise des aspects méthodologiques et des solutions digitale

Pour terminer, j’aimerais aborder deux points : quelles sont les valeurs fondamentales de Purchasing Partner, et qu’est-ce qui te passionne dans ton métier ?

Les valeurs de Purchasing Partner reposent sur une approche sérieuse de notre travail tout en conservant un état d’esprit start-up dans notre attitude. Cela signifie que le plaisir quotidien, les missions que nous entreprenons, les relations avec nos clients sont essentiels pour nous. Nous adoptons une perspective centrée sur le client, avec pour but d’offrir une solution adaptée à chaque contexte. Nous évitons la standardisation et visons plutôt l’unicité, en capitalisant sur les bonnes pratiques certes mais aussi en partageant les écueils rencontrés. L’honnêteté prime également : si un client a déjà les compétences nécessaires en interne, nous préférons privilégier un transfert de compétences plutôt que de prendre l’opportunité pour nous-mêmes. Notre philosophie a fait ses preuves, comme en témoigne notre présence sur le marché depuis 9 ans. 

Nous sommes profondément impliqués dans chaque étape d’un projet de digitalisation, du cadrage préalable jusqu’au maintien en condition opérationnel, avec la conviction reconnue que la mise en production d’un outil n’est pas la fin du projet, mais au contraire le début de la « vraie vie » !

Quant à ma passion pour mon travail, elle découle de la diversité des missions, des contextes clients et des interactions. C’est un métier exigeant intellectuellement, nécessitant une analyse approfondie de chaque situation et une définition précise des priorités. Et surtout, l’implémentation concrète de nos propositions apporte une immense satisfaction. Il s’agit non seulement de conseiller, mais aussi de mettre en œuvre, de constater des améliorations tangibles. Cette approche holistique rend mon métier extrêmement gratifiant.

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Lukas Joseph